Le football féminin togolais ainsi que plein d’autres sports connaît une dynamique inédite. Mais derrière cette progression se cache un débat délicat, longtemps réduit au silence. La visibilité des relations lesbiennes au sein des équipes. Ce sujet, tabou dans la société, suscite à la fois curiosité et rejet.

Dans un pays où l’homosexualité reste criminalisée par l’article 392 du code pénal qui interdit tout acte « impudique ou contre nature » entre individus du même sexe, les peines encourues vont de un à trois ans de prison et des amendes pouvant atteindre trois millions de francs CFA. Elle est alors perçue comme une « déviance » ou un « import occidental » et les footballeuses évoluent sous une double contrainte. S’imposer dans un sport historiquement masculin tout en respectant les normes sociales de la féminité. Dans les vestiaires et les camps d’entraînement, les liens d’amitié et de complicité se muent parfois en rumeurs. Certaines relations affectives sont moquées, sanctionnées, ou simplement tues par peur de la stigmatisation.
« Maintenant, les filles copient ce qu’elles voient sur TikTok. Elles s’embrassent, se disent en couple. Pour moi, c’est juste une passe, elles vont revenir à la normale »
Coach de 42 ans
Ces discours, fréquents chez les encadrants ou les aînées, tendent à réduire ces expériences à une « mode passagère », occultant leur dimension identitaire réelle.
Les réseaux sociaux et la visibilité d’athlètes internationales ouvertement lesbiennes offrent aux jeunes sportives de nouveaux repères. Certaines s’y identifient, d’autres explorent leur identité à l’abri des regards. Ces pratiques bousculent les perceptions traditionnelles de la féminité et du sport.
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Souvent qualifiées de « garçons manqués », les joueuses adoptant une apparence plus masculine sont immédiatement suspectées, qu’elles soient lesbiennes ou non. Cette confusion traduit l’entrelacement persistant entre genre et sexualité dans l’imaginaire social.
Si le lesbianisme dans le football féminin togolais reste marqué par le secret et la stigmatisation, il n’est plus invisible. Les nouvelles générations redéfinissent les frontières du genre et de la sexualité dans un univers longtemps masculin, imposant un questionnement nécessaire sur la place de toutes les identités dans le sport. Cette visibilité fragile ouvre la voie à de nouveaux défis.

Le football féminin togolais ne se joue pas seulement sur le terrain. Il devient aussi un espace de revendication, de questionnement et d’affirmation identitaire, où chaque joueuse peut espérer se libérer du poids des normes pour s’épanouir pleinement.
Jusqu’où ces jeunes sportives sont-elles prêtes à aller pour affirmer leur identité ? La suite reste à écrire…




